Le Nouveau Praticien Vétérinaire élevages & santé 2024;16(59):5

Maladies vectorielles, une expansion géographique difficile à enrayer

Stéphan ZientaraDirecteur du Laboratoire de santé animale, Maisons-Alfort

Après un numéro sur les deux orbivirus de la FCO (Fièvre Catarrhale Ovine) et de la MHE (Maladie Hémorragique Épizootique), ce nouveau numéro du Nouveau Praticien Vétérinaire élevages & santé aborde cette fois d’autres maladies vectorielles transmises soit par des tiques soit par des mouches piqueuses, et décrit les méthodes de lutte contre les vecteurs (Culicoides, tiques et mouches) en insistant sur les forces et les faiblesses des stratégies utilisées.

Ce dossier thématique débute par une présentation très complète des mouches piqueuses par Marc Desquesnes et Philippe Jacquiet (Cirad, ENVT). Ces diptères hématophages sont particulièrement abondants dans les élevages et affectent directement le bétail et l’Homme. Du fait de leur comportement alimentaire, ces arthropodes provoquent des troubles importants (harcèlement, douleur liée à la piqûre, spoliation sanguine) mais aussi la transmission d’agents pathogènes. La connaissance de leur biologie permettra d’adapter les méthodes de prévention et de contrôle, pour une gestion intégrée des mouches dans les élevages.

Najat Raddi (GDS/ANSES) propose une synthèse actualisée sur la besnoitiose bovine, une maladie parasitaire à transmission vectorielle où des insectes hématophages comme les taons ou les stomoxes véhiculent le parasite d’un bovin infecté à un bovin sain. Cette maladie, causée par Besnoitia besnoiti, a été décrite pour la première fois au début du xxe siècle, notamment en France et en Espagne. Les premiers cas se manifestaient principalement dans le Sud-Ouest de la France. À partir des années 1990, plusieurs cas ont été signalés dans d’autres pays d’Europe, notamment au Portugal, en Italie, en Allemagne et en Suisse, indiquant une réémergence et une expansion géographique de la maladie. Depuis 2010, la besnoitiose est considérée comme une maladie émergente par l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) en raison de l’augmentation du nombre des cas et de l’expansion géographique de la maladie dans le continent européen (Italie, Allemagne, Belgique, Suisse, Irlande, Croatie, Hongrie).

La connaissance de la biologie des vecteurs permettra d’adapter les méthodes de prévention et de contrôle des maladies vectorielles.

Une autre maladie, d’origine virale cette fois, et transmise par les stomoxes, est remarquablement décrite par Stéphane Bertagnoli (ENVT). Cette maladie, qui a déjà récemment infecté l’Europe, reste une menace permanente pour nos régions.

Emmanuel Liénard (ENVT) présente les principales stratégies disponibles pour mener à bien la gestion des mouches piqueuses, principalement les stomoxes, les taons et Hæmatobia irritans dont la prolifération engendre non seulement un inconfort pour les animaux et les humains, mais impacte également la santé et la productivité des élevages.

Les tiques sont des vecteurs majeurs de maladies animales. Toujours depuis l’ENVT, Philippe Jacquiet et ses collègues (Julie Petermann et Jean-Pierre Alzieu) décrivent les principaux agents pathogènes transmis par ces arthropodes ainsi qu’une mise à jour des méthodes de lutte et de contrôle.

L'aspect zoonotique de l'encéphalite à tique sera, quant à elle, abordée dans notre prochain numéro à paraître en septembre. Enfin, Claire Garros du Cirad brosse un panorama complet des méthodes de lutte contre les Culicoides qui révèle, de façon incontestable, que de nombreux travaux de recherche sont encore nécessaires pour disposer d’outils de lutte contre ces mouches vectrices de maladies virales qui ont défrayé la chronique ces dernières années en France et en Europe.

Gageons que le lecteur trouvera ainsi, dans ce nouveau numéro, de nombreuses réponses aux questions légitimes qu’il se pose face à l’émergence de ces maladies transmises par ces vecteurs d’un genre… particulier !

Bonne lecture !

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