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Le Nouveau Praticien Vét élevages & santé
Volume 16, Numéro 57-58, 2024
FCO
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Page(s) | 6 - 12 | |
Section | Dossier : FCO & MHE en France | |
DOI | https://doi.org/10.1051/npvelsa/2025011 | |
Publié en ligne | 21 avril 2025 |
Situation épidémiologique et gestion de la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) en France
Epidemiologic Situation and Management of Bluetongue Virus in France
GDS France 26 rue Dagorno 75012 Paris France
La France connait une situation sanitaire inédite avec une double épizootie de Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) causée par les sérotypes 3 et 8, associée à une troisième épizootie de Maladie Hémorragique Épizootique (MHE), tandis que d’autres sérotypes de FCO sont à ses portes.
Comment gérer au mieux cette situation dans les élevages ?
La France est confrontée à deux épizooties majeures de FCO dues aux sérotypes 3 et 8 respectivement depuis août 2024 et août 2023. Elles provoquent un impact sanitaire et économique majeur chez les ovins et les bovins (les caprins peuvent aussi être atteints). Les premiers impacts cliniques mesurés en France en 2024 permettent d’objectiver l’intérêt sanitaire et économique d’une détection précoce et de la vaccination contre la FCO.
La vaccination reste l’outil principal de prévention, et la gestion des culicoïdes peut permettre de diminuer l’impact de la maladie dans les élevages.
Abstract
France is being confronted with two major epizootics of FCO caused by serotypes 3 and 8 since August 2024 and August 2023, respectively. They are having a major health and economic impact on sheep and cattle (goats can also be affected). The first clinical impacts measured in France in 2024 demonstrate the health and economic benefits of early detection and vaccination against FCO.
Vaccination remains the main preventive tool, and Culicoides management can reduce the impact of the disease on livestock.
Mots clés : sérotype / culicoïdes / vaccination / prévention / désinsectisation
Key words: serotype / Culicoides / vaccination / prevention / disinsectisation
Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

Emmanuel Garin

David Ngwa-Mbot
© EDP Sciences, 2025
Objectifs pédagogiques
Connaître la situation épidémiologique de la France vis-à-vis des sérotypes de FCO.
Comprendre l’impact sanitaire de la FCO.
Connaître les intérêts et la mise en place de la vaccination.
Connaître les moments d’utilisation des produits désinsectisants.
Essentiels
Les sérotypes diffusant en France et en Europe provoquent des épizooties dans les pays atteints.
Il n’y a pas d’immunité croisée entre sérotypes de FCO.
La vaccination est le seul outil de prévention efficace.
La désinsectisation doit être envisagée comme un moyen de lutte ponctuel et particulier.
Depuis l’été 2023, trois épizooties distinctes, provoquées par 3 nouveaux virus de la famille des Orbivirus et touchant les élevages de ruminants, sont observées en France. Tout d’abord, une nouvelle souche de fièvre catarrhale ovine (BTV-8) est apparue dans le Sud-Ouest en même temps qu’une épizootie de MHE. Puis, à l’été 2024, c’est le sérotype 3 de la FCO qui s’est répandu par le Nord et l’Est de la France. Comment expliquer cette situation épidémiologique ?
Une maladie, des sérotypes et des soUches
Le virus de la fièvre catarrhale ovine se décline en plus de 36 sérotypes identifiés dans le monde. La Loi de Santé Animale (LSA) réglemente les 24 premiers qui semblent être les seuls à affecter les animaux.
L’impact clinique et l’épidémiologie de la maladie varient notamment suivant la souche virale, l’espèce cible, la température, la densité et les espèces de culicoïdes présentes, le paysage, la densité des animaux, la rapidité de détection de la maladie en élevage et de mise en place de soins adaptés.
La période de circulation virale engendrant des signes cliniques détectables par le dispositif de surveillance événementielle va de juin à décembre pour la France hexagonale et de mi-avril à décembre pour la Corse. Cependant, des signes cliniques sont observables en dehors de cette période. Il est considéré que l’infection a lieu tardivement en décembre et que certains signes cliniques mettent du temps à s’exprimer.
Au sein d’un même sérotype, il peut y avoir différentes souches qui vont engendrer un impact clinique variable. Des réassortiments entre sérotypes ont été observés récemment en Sardaigne et en Corse. La clinique et l’épidémiologie actuelles de la FCO-3 en Corse résultent d’un réassortiment entre un virus de FCO-3 et de FCO-4. La FCO-3 qui sévit en Corse est donc différente de celle présente ailleurs en Europe.
Toutefois, il est important :
de noter que l’immunité croisée entre les différentes souches d’un même sérotype est actuellement considérée bonne. Les vaccins ciblant un sérotype sont donc efficaces contre les différentes souches de ce sérotype ;
de souligner qu’un animal infecté naturellement a, le plus souvent, une très bonne immunité qui dure plusieurs années (au moins 2 ans, voire plus à dire d’experts).
La FCO-8 : un sérotype déjà connu et pourtant…
Le sérotype 8 de la Fièvre Catarrhale Ovine (BTV-8) a été détecté pour la première fois en France en 2006 (BTV-8-France 2006) puis a réémergé en 2015 [1], après une période de 3 ans pendant laquelle la France avait retrouvé un statut indemne, à la suite d’une vaccination massive obligatoire. Cette souche de BTV-8 a été, depuis, régulièrement détectée, sans induire ou rarement des signes cliniques.
Une nouvelle souche est apparue en août 2023 (FCO-8/France 2023) dans le sud du Massif central, provoquant la réapparition des signes cliniques et subcliniques ainsi qu’une surmortalité variable suivant les élevages. Initialement, l’hypothèse d’une mutation de la souche FCO-8/France 2006 apparaissait la plus probable. Toutefois, des analyses menées par le Laboratoire National de Référence FCO de l’Anses (LNR-FCO) ont montré que cette nouvelle souche est proche d’une autre souche présente au Moyen-Orient et en Afrique centrale [2]. Les modalités de son introduction en France ne sont pas connues.
Si, réglementairement, la FCO-8 est définie comme un sérotype enzootique (terme à opposer ici à « exotique »), d’un point de vue sanitaire, sa diffusion est épizootique (sérotype affectant un nombre de cas et/ou d’élevages nettement supérieur à celui attendu pour une région et une période données) (Figure 1). Du fait de son statut réglementaire, elle n’a donc pas bénéficié du suivi mis en place pour un sérotype exotique. Cette nouvelle souche a ainsi engendré plus de 15 000 foyers ovins et bovins recensés pour la saison 2024 et atteint plusieurs dizaines de milliers d’animaux (voire plus) sur la seule année 2024.
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Figure 1 Carte des départements atteints de FCO et MHE au 24/01/2025 toujours d’actualité au 26 mars 2025. (© GDS France) |
Un nouveau sérotype : la FCO-3
La FCO-3 est apparue de façon inexpliquée aux Pays-Bas en août 2023 [3], puis elle s’est diffusée en Belgique. Comme prévu, elle est ensuite arrivée en France en août 2024 par une propagation en tache d’huile. Rencontrant des conditions météorologiques et de densité d’animaux favorables, elle s’est développée de façon épizootique en France principalement dans l’est et le nord du pays, causant plus de 10 000 foyers ovins et bovins en 2024.
Un sérotype 4 presque absent de France continentale, mais qui diffuse ailleurs
La FCO-4 est arrivée en France hexagonale depuis la Corse en novembre 2017. Depuis 2019, le très faible nombre de cas recensés chaque année, avec peu ou pas de clinique associée, indique que ce sérotype pourrait être absent ou qu’il circule à très bas bruit contrairement à la Corse. Cela s’explique par deux souches différentes de FCO-4 : la FCO-4/Balkanique en France hexagonale et la FCO-4/ Baléares en Corse et ailleurs en Europe. Cette dernière souche engendre de la morbidité et de la mortalité.
D’autres sérotypes circulent en Europe
Le sérotype 1 est réapparu dans le sud-ouest de l’Espagne en 2024 : causant plus de 800 foyers recensés. Un nouveau sérotype, le sérotype 12, jamais observé en Europe jusqu’à présent, est apparu fin septembre 2024 aux Pays-Bas [4]. Bien qu’il soit apparu pendant la période propice de diffusion de la FCO, il n’a conduit, quant à lui, qu’à une dizaine de foyers. Les premiers foyers ont été déclarés en Angleterre en février 2024.
Quels impacts sanitaires ?
Une étude de terrain définie par la Plateforme ESA a été menée par GDS France et son réseau en 2024 pour appréhender la situation sanitaire dans des élevages de différents départements français atteints de FCO-3 et FCO-8 entre mi-août et début novembre 2024 [5]. Cette étude a permis de montrer :
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une forte variabilité inter-cheptel tant chez les élevages bovins qu’ovins en matière de morbidité et de mortalité (Figures 2 et 3);
une morbidité chez les vaches, variant de 0 % à 98 % pour la FCO-3 et de 0 à 77 % pour la FCO-8 suivant les cheptels ;
une morbidité médiane chez les vaches de 6 % pour la FCO-3 et de 3 % pour la FCO-8 correspondant, respectivement, à un nombre médian de 3 et 2 animaux malades par élevage ;
une morbidité chez les brebis variant de 0 % à 60 % pour la FCO-3 et de 0 à 33 % pour la FCO-8 suivant les cheptels ;
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une morbidité médiane chez les brebis de 8 % pour la FCO-3 et de 4 % pour la FCO-8, correspondant, dans les deux cas, à 5 animaux malades par élevage (Photos 1 et 2) ;
un tiers des élevages bovins atteints de FCO-3, et environ 40 % de ceux atteints de FCO-8, ont plus de 5 % des vaches présentant des signes cliniques ;
au moins 44 % (FCO-3) et 20 % (FCO-8) des élevages bovins enquêtés ont observé des avortements concomitants ;
au moins 7 % (FCO-3) et 15 % (FCO-8) des élevages ovins enquêtés ont observé des avortements concomitants ;
parmi les élevages bovins, la mortalité chez les vaches semble limitée à l’échelle collective, mais certains élevages ont subi des mortalités non négligeables. Presqu’un tiers (FCO-3) et au moins un quart (FCO-8) de ces élevages ont perdu au moins une vache ;
parmi les élevages ovins, la mortalité chez les brebis est présente dans au moins la moitié des élevages enquêtés et peut être très importante dans certains cheptels.
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Figure 2 Distribution des élevages ovins et bovins en fonction de la morbidité observée pour la FCO-3 dans le cadre de l’enquête menée par GDS France en 2024. (© GDS France) |
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Figure 3 Distribution des élevages ovins et bovins en fonction de la morbidité observée pour la FCO-8 dans le cadre de l’enquête menée par GDS France en 2024. (© GDS France) |
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Photo 1. FCO et morbidité ovine au sein d’un élevage. La brebis au centre, qui apparaît très maigre par rapport à celle de gauche, est atteinte de FCO. (© Emmanuel Garin). |
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Photo 2. Œdème de la face chez une brebis atteinte de FCO. (© Emmanuel Garin). |
Par ailleurs, les Néerlandais ont également étudié l’impact de la FCO-3 sur la reproduction [6] et sur la production laitière. Ils ont ainsi observé une perte moyenne de 1 litre de lait par jour et par vache pendant de nombreuses semaines, correspondant à une perte globale de 8 000 litres de lait.
Les évolutions attendues pour la saison 2025
Il est très probable que les sérotypes poursuivent leur diffusion dans les zones qui n’ont pas encore été atteintes ou qui l’ont été en fin de la période de circulation virale. Cette diffusion pourrait, cependant, être freinée et voir son impact réduit, si une vaccination massive est mise en place.
Par ailleurs, le nombre d’animaux atteints par cheptel est variable et rarement suffisant pour permettre une immunité collective de troupeau. C’est pourquoi des troupeaux atteints une année, même fortement, pourraient à nouveau manifester des signes cliniques.
Enfin, il est à craindre que la FCO-1 présente en Espagne, voire la FCO-4 présente en Europe, reprennent leur diffusion en direction de la France. Arriveront-elles en France dès 2025 ?
Comment gérer la FCO en élevage ?
Une prévention grâce à la vaccination et des mesures de biosécurité
S’agissant d’une infection virale, il n’existe pas de traitement spécifique, mais plutôt une thérapie de support visant à aider l’animal à guérir. D’une façon générale, il faut assurer une bonne alimentation des animaux, une complémentation en vitamines et minéraux ainsi qu’une bonne gestion du parasitisme afin que les animaux répondent au mieux à l’infection ou à la vaccination [7].
La vaccination est un moyen essentiel de prévention, car elle atténue l’impact de la maladie et réduit considérablement la mortalité. Tous les vaccins contre les FCO-3, 4 et 8 et la MHE permettent de réduire les signes cliniques et la mortalité chez les bovins et les ovins (Encadré 1).
Encadré 1 La vaccination en pratique
Les vaccins sont des produits biologiques fragiles. Il est indispensable que les éleveurs respectent les règles d’utilisation, les modalités de conservation des vaccins et les prescriptions de leur vétérinaire, notamment le plan et les protocoles de vaccination.
Il ne faut vacciner que des animaux en bonne santé, des interactions pouvant exister entre les différents médicaments.
En cas d’observation d’effets indésirables ou d’efficacité limitée, il convient de faire une déclaration de pharmacovigilance.
En cas d’analyses PCR, il est recommandé d’attendre au moins 10 jours entre l’injection du vaccin et le prélèvement sanguin [7].
Certains vaccins (le BTV pur 4-8, le Syvazul 4-8 et le Bluevac-8 chez les ovins et les bovins ainsi que l’Hépizovac et le Bultavo 3 chez les bovins) empêchent même la virémie. Cela limite ainsi, non seulement les signes cliniques et la mortalité, mais aussi la contamination des moucherons. De ce fait, un animal vacciné avec ces derniers ne peut pas servir à la transmission du virus vers un autre animal. La protection est donc à la fois individuelle et collective pour le troupeau et le voisinage. Ces vaccins peuvent donc être utilisés dans le cadre des mouvements d’animaux, notamment lors des échanges à destination des États membres de l’Union européenne et des exportations vers les pays tiers, lorsque le pays destinataire l’autorise pour le Bultavo-3 et l’Hépizovac. Dans ce cas, la vaccination doit obligatoirement être réalisée et attestée par le vétérinaire.
La vaccination destinée à la protection du troupeau peut être réalisée par le vétérinaire ou l’éleveur s’il le souhaite.
Dans tous les cas, la vaccination joue un rôle majeur dans la protection sanitaire des animaux. En cas d’infection, s’agissant d’une infection virale, il n’y a pas de traitement spécifique disponible, seulement une thérapie de soutien.
Quand vacciner pour la prochaine saison (2025) ?
La vaccination contre la FCO chez les bovins ou les ovins et la MHE (chez les bovins uniquement) doit se faire, selon les contraintes opérationnelles de l’élevage, en hiver ou au printemps 2025 (y compris pour les animaux vaccinés tardivement en 2024), afin de s’assurer, compte tenu des délais d’acquisition de l’immunité, que les animaux soient protégés avant la reprise de la diffusion de la FCO et de la MHE, c’est-à-dire fin mai-début juin 2025 (mi-avril 2025 pour la Corse).
En pratique, il convient de vacciner le plus tard possible avant la mise à l’herbe, en évitant les quelques jours précédents la sortie, MAIS sans dépasser début avril (fin février pour la Corse) en cas de première vaccination, ou la mi-mai (mi-mars en Corse) en cas de rappel vaccinal. Cela permet d’avoir une immunité maximale pour la période à risque qui va de juin (avril pour la Corse) à décembre. Si l’organisation ne permet pas de le faire à ce moment-là, il convient de vacciner plus tôt. En effet, si la vaccination est trop tardive, le troupeau pourrait ne pas être protégé à temps et les effets observés seront dus à l’infection naturelle. Cette dernière peut également amplifier l’impact d’autres maladies présentes dans le troupeau.
Peu d’informations sont disponibles sur le délai à respecter entre les différentes vaccinations. Des études sont menées avec une vaccination concomitante de FCO et MHE et les résultats n’ont, pour l’instant, rien montré de particulier. Il faut également souligner qu’il n’y a pas eu de retour via la pharmacovigilance liée à une vaccination simultanée de FCO et de MHE. La décision d’une vaccination concomitante revient à l’éleveur, après avis du vétérinaire.
À la suite de la vaccination, y a-t-il des réactions locales ou générales ?
Deux à cinq jours après la première injection, des réactions locales peuvent être observées sur le site d’injection. En cas de rappel, des réactions locales peuvent avoir lieu dans une proportion moindre et sur un délai plus court. Des réactions d’allergie peuvent exister avec, dans de très rares cas, la mort de l’animal. Les résultats de la pharmacovigilance, comme pour d’autres types de vaccin, montrent que ces réactions sont extrêmement rares, avec un animal sur 10 000 vaccinés susceptible de présenter une réaction générale.
Au sein d’un troupeau correctement vacciné, il peut, malgré tout, y avoir quelques animaux malades (voire des morts), mais toujours nettement moins qu’en cas d’infection.
La vaccination peut-elle avoir un impact sur la reproduction ?
Comme pour tout vaccin, les adjuvants contenus dans les vaccins peuvent, dans de rares cas, entraîner de la fièvre et des réactions générales (avortements, retours en chaleurs, mortinatalité). En général, seule une fièvre importante (très rarement observée) peut provoquer un avortement. Les effets indésirables apparaissent habituellement au cours des 3 premiers jours qui suivent la vaccination et plutôt au moment du rappel, lorsque le schéma vaccinal comporte 2 injections.
Les mâles doivent être vaccinés, leur fertilité n’est pas affectée par la vaccination. Quelques cas d’aspermie transitoire peuvent être observés en présence de fièvre, à la fin du cycle de spermatogénèse. Il est possible de décaler dans le temps la vaccination des mâles du troupeau, pour sécuriser la disponibilité de la semence durant la saison de monte ou de lutte.
Gestion des culicoïdes, vecteurs de FCO
Plusieurs moyens de lutte contre les culicoïdes sont recommandés [8]. La plupart des mesures sont basées sur la connaissance de la biologie et de l’écologie des culicoïdes et sur l’hypothèse que ces mesures impactent l’abondance des populations et donc le risque de transmission. Il est fortement recommandé d’envisager la lutte en intégrant les différents moyens disponibles.
Les différentes mesures sont :
avoir une bonne gestion des effluents, des litières et des zones de stockage de matière organique au plus près des animaux. Cela permettrait de limiter les habitats favorables à la ponte et au développement des culicoïdes immatures et de contribuer à la réduction de l’abondance des populations adultes ;
confiner, autant que possible, les animaux malades ou virémiques : en intérieur, avec moustiquaire à mailles très fines (tente moustiquaires), au mieux toute la journée ou a minima pendant la période d’activité des culicoïdes (avant le coucher et jusqu’après le lever du soleil) et/ou appliquer des insecticides pour-on ;
rentrer le troupeau dans des bâtiments relativement fermés ou avec les ouvertures protégées par des moustiquaires à mailles très fines pendant la période d’activité, voire disposant d’une ventilation mécanique rendant le vol du vecteur difficile.
Concernant la lutte antivectorielle, la désinsectisation des véhicules de transport, avant et après le chargement des animaux, lors des sorties de zones atteintes de FCO ou MHE, ou encore pour les déplacements sur de moyennes/longues distances, pourrait avoir un effet protecteur. Il serait utile de disposer d’études scientifiques visant à quantifier l’impact de cette désinsectisation. Par ailleurs, il convient de NE PAS appliquer les mesures suivantes :
les pulvérisations d’insecticides dans l’environnement ou à proximité des élevages, car ils ne réduisent pas l’abondance d’adultes ;
le traitement insecticide général des bâtiments, dont l’efficacité n’a pas été démontrée.
Les antiparasitaires externes à base de pyréthrinoïdes ou d’organochlorés peuvent être utilisés, hors autorisation de mise sur le marché (AMM), sur prescription vétérinaire en respectant le dosage prévu par l’AMM. À noter que leur action permet de réduire les taux d’attaque des culicoïdes sans réussir à empêcher complètement les attaques. Sur les ovins, la rémanence est de 7 à 10 jours avec un maximum d’action autour du 4e jour. Les huiles essentielles n’ont aucune efficacité prouvée.
Enfin, un problème de diffusion des formulations appliquées sur la ligne dorsale a été observé, car elles ne protègent pas complètement les parties déclives des animaux qui présentent également des parties fines de la peau, zones préférentielles d’attaque des vecteurs.
Avec ces informations à disposition, la désinsectisation a une indication circonscrite aux mouvements d’animaux ou à la protection avant un prélèvement pour réaliser une analyse de laboratoire, ainsi qu’aux moyens de transport.
La désinsectisation n’est pas efficace comme moyen de lutte collectif, car elle ne peut pas être utilisée de façon continue et régulière pour des raisons de coût, d’impact environnemental (notamment sur des insectes dont les abeilles) et de risque de résistance des endo- et ectoparasites au-delà des culicoïdes.
Conclusion : surveiller pour détecter précocement les premiers cas
La surveillance de la FCO vise à détecter l’arrivée d’un nouveau sérotype de FCO le plus rapidement possible et également la présence de la FCO dans un élevage. Pour cela, il est recommandé que l’éleveur observe ses animaux matin et soir et qu’il contacte rapidement son vétérinaire, dès l’apparition d’au moins deux signes cliniques évocateurs de FCO (voir partie concernant les signes cliniques et le diagnostic), afin de mettre en place le protocole de soins adapté. La maladie affecte notamment les capacités de locomotion, d’alimentation et d’abreuvement. S’agissant de thérapie de support, le protocole de soins comprend des anti-inflammatoires et, en cas de besoin, des antibiotiques, voire une fluidothérapie et un drenchage. Il a été observé, sur le terrain, qu’un traitement administré rapidement permet de limiter l’impact de la maladie. Il est recommandé de rentrer les animaux atteints, malades ou non, afin de limiter la contamination des culicoïdes.
Liens d’intérêt
Les auteurs déclarent ne pas être en situation de lien d’intérêt en relation avec cet article.
Références
- Sailleau C, Bréard E, Viarouge C et coll. Re-Emergence of Bluetongue Virus Serotype 8 in France, 2015. Transbound Emerg Dis. 2017;64(3):998–1000. [CrossRef] [Google Scholar]
- Gondard M, Postic L, Garin E et coll. Exceptional Bluetongue virus (BTV) and Epizootic hemorrhagic disease virus (EHDV) circulation in France in 2023. Virus Research. 2024;350:199489. [CrossRef] [Google Scholar]
- Van den Brink A, Santman-Berends I, Harkema L et coll. Bluetongue virus serotype 3 in ruminants in the Netherlands: Clinical signs, seroprevalence and pathological findings. Vet Rec. 2024;195(4):e4533. [CrossRef] [PubMed] [Google Scholar]
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- Van den Brink KMJA, Brouwer-Middelesch H, van Schaik G, Lam TJGM, Stegeman A, van den Brom R, Spierenburg MAH, Santman-Berends IMGA. The Impact of Bluetongue Serotype 3 on Cattle Mortality, Abortions and Premature Births in the Netherlands in the First Year of the Epidemic. Preventive Veterinary Medicine. 2025;239:106493. [CrossRef] [Google Scholar]
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- Garros C, Garin E, Warembourg C. Gestion des vecteurs (culicoïdes) de la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) et de la Maladie Hémorragique Épizootique (MHE) en élevage de ruminants. 2023. (2023-10-27-Gestion-vecteurs-v1.pdf). [Google Scholar]
Tests de formation continue
D’un point de vue sanitaire, la diffusion des sérotypes 3 et 8 de FCO présents en France est-elle enzootique ou épizootique ?
Elle est enzootique pour la FCO-8, car il est présent en France depuis plusieurs années, et pour la FCO-3, car il est présent depuis plus d’un an sur une partie du territoire.
Elle est enzootique pour la FCO-8, car il est présent en France depuis plusieurs années, et épizootique pour la FCO-3, car il n’est pas encore présent sur tout le territoire.
Elle est épizootique pour les deux sérotypes, car ils affectent un nombre d’animaux et/ou d’élevages nettement supérieur à celui attendu pour une région et une période données.
Il existe une immunité croisée entre les différents sérotypes de FCO.
Vrai
Faux
Est-il utile de vacciner un troupeau déjà infecté pour la FCO-3 et la FCO-8 ?
Non, car les animaux sont déjà immunisés naturellement.
Non, pour les troupeaux atteints par l’un des deux sérotypes.
Oui, car très souvent, il n’y a pas assez d’animaux infectés naturellement pour avoir une immunité collective de troupeau.
La vaccination est-elle l’outil principal de prévention ?
Oui, car elle réduit l’impact clinique et subclinique de la maladie.
Non, car les vaccins ne préviennent pas tous la virémie.
Non, car la désinsectisation permet de protéger les animaux.
Dans quel cas utiliser la désinsectisation des animaux ?
Pour la protection collective des animaux.
Pour la protection individuelle des animaux, uniquement dans certains cas.
Pour la protection des bâtiments.
Liste des figures
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Figure 1 Carte des départements atteints de FCO et MHE au 24/01/2025 toujours d’actualité au 26 mars 2025. (© GDS France) |
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Figure 2 Distribution des élevages ovins et bovins en fonction de la morbidité observée pour la FCO-3 dans le cadre de l’enquête menée par GDS France en 2024. (© GDS France) |
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Figure 3 Distribution des élevages ovins et bovins en fonction de la morbidité observée pour la FCO-8 dans le cadre de l’enquête menée par GDS France en 2024. (© GDS France) |
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Photo 1. FCO et morbidité ovine au sein d’un élevage. La brebis au centre, qui apparaît très maigre par rapport à celle de gauche, est atteinte de FCO. (© Emmanuel Garin). |
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Photo 2. Œdème de la face chez une brebis atteinte de FCO. (© Emmanuel Garin). |
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