Le Nouveau Praticien Vétérinaire élevages & santé 2022;14(HS1):5

Éditorial

Analyses en rurale : bien les choisir et les maîtriser pour en tirer le maximum d’informations

Guillaume Belbis

Parvenir à diagnostic ou à un pronostic précis : quelle difficulté lors des visites du quotidien du vétérinaire praticien rural ! Les vaches vues pour « corps étranger » sont-elles toujours atteintes d’une péritonite traumatique ? Comment adapter son plan de perfusion d’un veau pour répondre au plus près à ses besoins ? Le recours à des examens complémentaires peut alors s’avérer d’une très grande aide, même si la question de leur coût peut assez facilement être opposée, tout comme celle du délai d’obtention du résultat, parfois incompatible avec la gestion d’un animal en élevage.

Mais réaliser des analyses et examens complémentaires s’avère totalement possible en clientèle rurale, si la plus-value obtenue dans la gestion d’un cas ou dans l’émission d’un pronostic fiable surpasse le coût de celui-ci. Elle permet alors un diagnostic plus fiable, une prise en charge adaptée.

De plus, de nombreux analyseurs, utilisables en ferme ou à la clinique, ont été développés depuis 20 ans et permettent l’obtention de résultats rapides et fiables. Enfin, certains examens complémentaires (bactériologie du lait, coproscopie) rendent possible une prise en charge raisonnée de certaines affections, permettant de limiter les traitements non nécessaires. Ils permettent également d’évaluer certaines pratiques d’élevage (gestion du colostrum, etc.) et, le cas échéant, de corriger toute dérive.

Ces examens complémentaires peuvent être envisagés à différents niveaux :

• ceux qui peuvent être réalisés au chevet de l’animal (soit en ferme, soit à la clinique par exemple lors d’hospitalisation de veaux) : on pensera à l’imagerie médicale et plus concrètement à l’échographie (voir le dossier « Diagnostic et échographie » du numéro 42 de notre revue), mais aussi à l’analyse d’urine voire à la mesure de certains paramètres de l’inflammation;

• ceux qui peuvent être réalisés à la clinique, « en décalé de la consultation » et permettent de fournir un résultat rapide à l’éleveur, dans le but d’adapter la thérapeutique;

• enfin, ceux qui nécessitent le recours au laboratoire d’analyses spécialisé, pour son expertise dans la mise en œuvre de ces dernières.

Cependant, même si de plus en plus de tests et examens complémentaires existent et sont disponibles pour le vétérinaire, ceux-ci peuvent être utilisés incorrectement (le mauvais animal, le mauvais moment, le mauvais test, le mauvais analyseur). Il s’ensuit un diagnostic incorrect et la sensation, pour l’éleveur, d’avoir « payé pour rien », amenant finalement le vétérinaire à ne plus les proposer. C’est pour cette raison que nous avons envisagé ce numéro hors-série, afin de proposer au praticien un point sur certaines méthodes de diagnostic complémentaire et de lui permettre de faire le tri quant aux méthodes les plus pertinentes et la manière de les réaliser. En bref, améliorer son utilisation des examens complémentaires.

Notre approche se veut la plus pratique possible : dans un premier temps, et après avoir abordé l’importance et la manière d’évaluer la qualité d’un nouveau test ou analyseur, ce hors-série proposera une série d’articles sur les méthodes de diagnostic au chevet du malade (analyse d’urine, mise en évidence d’une inflammation, test des colostrums).

Par la suite, les principales analyses réalisables à la clinique (coproscopie, analyse des gaz sanguins, hématologie et bactériologie) seront abordées en cherchant à être le plus pratique possible et en prenant des exemples concrets pour aider le lecteur à acquérir une méthodologie d’interprétation directement exploitable.

Enfin, tout ne pouvant pas être réalisé au sein d’un cabinet vétérinaire, l’importance du laboratoire sera abordée à travers deux thématiques (la qualité du lait et les analyses de liquide ruminal et des bouses).

Nous vous souhaitons une excellente lecture !

© EDP Sciences, 2022